Le métavers au service de la formation

À partir des informations que nous avons citées dans nos précédents articles sur ce qu’est le métavers et les controverses qui l’entourent, il apparaît intéressant de traiter le sujet du métavers au service de la formation. Devra-t-on former les collaborateurs à de nouvelles pratiques ? Les formations se feront-elles dans ce nouvel univers ?

Stratégie RH

Metaverse & e-learning

Consultant Learning & Développement

Le métavers appliqué au monde de la formation ouvre de nouvelles perspectives de pédagogie immersive et impactera de nombreux métiers dans les prochaines années.  

Nous envisageons ici le champ disciplinaire dans son entièreté : présentielle, e-learning, mixte, en situation de travail.

Métavers et formation : le « Learning Metaverse »

Métavers et formation : quelques rappels

La crise sanitaire du COVID a permis une accélération du développement des nouveaux usages liés au numérique, particulièrement de la formation dans son ensemble, et donc Formation Ouverte et A Distance (FOAD), regroupée dans ce qui compose le « e-learning », défini par le Ministère de l’éducation nationale comme suit : « Tout dispositif de formation qui utilise un réseau local, étendu ou l’internet pour diffuser, interagir ou communiquer, ce qui inclut l’enseignement à distance, en environnement distribué, l’accès à des sources par téléchargement ou en consultation sur le net. Il peut faire intervenir du synchrone ou de l’asynchrone, des systèmes tutorés, des systèmes à base d’autoformation, ou une combinaison des éléments évoqués. Le e-learning résulte donc de l’association de contenus interactifs et multimédia, de supports de distribution (PC, Internet, intranet, extranet), d’un ensemble d’outils logiciels qui permettent la gestion d’une formation en ligne et d’outils de création de formations interactives. L’accès aux ressources est ainsi considérablement élargi de même que les possibilités de collaboration et d’interactivité ».

Le e-learning et les outils numériques qui le composent ont donc été replacés au cœur de l’actualité. Même s’il est dommageable que « l’observatoire EdTech » ait disparu en 2019, se retrouvant dissolu sur le site data.gouv.fr, l’expérience « COVID-19 » a réveillé les acteurs de la formation digitale.

Métavers et formation : l’actualité du « Learning Métavers »

Le métavers au service de la formation, de l’apprentissage et du développement (« Learning & Development »), va permettre un maintien dans cet éveil, un challenge de taille couplé à de la conduite de projets innovants comme de l’accompagnement au changement.

Du côté des acteurs de la formation professionnelle (apprentissage immersif : « immersive learning », apprentissage adaptatif : « adaptive learning »), mais aussi des agences et organismes de formation sur-mesure et/ou sur étagère), on imagine donc dans des publications de blogs :

  • ce que/comment leur technologie pourra s’intégrer dans le métavers ;
  • les bénéfices attendus du métavers en formation ;
  • les stratégies futures à développer pour les OF et les organisations.

La prudence y reste souvent palpable. De nos jours, il est nécessaire de rester vigilants, car lorsqu’on tente de « vous vendre des applications RH basées sur le métavers, la plupart du temps, elles reposent sur la technologie de réalité virtuelle (avec un casque par exemple) et non pas sur un véritable métavers ». « Ce qu’on voit aujourd’hui, ce n’est pas du métavers : ce sont des plateformes de réalité virtuelle, immersives ou non c’est-à-dire, soit avec un casque, soit sur l’ordinateur – mais on n’est pas encore vraiment dans le métavers », rappelle Pierre MONCLOS (UNOW, 2022).

Ceci étant dit, voici une démarche qui peut être encouragée : le projet/produit de Kwark Education qui propose depuis peu son métavers éducatif – « MetaKwark » – basé sur l’approche de présence virtuelle issue des sciences cognitives*, présentant une approche consistant en un « Corporate Metaverse ».

On constate néanmoins que l’immersion totale (via la VR et ses casques) est absente de ce métavers : un manque, qui confirme l’immaturité globale actuelle à construire un métavers de la formation en congruence avec la définition du métavers au sens large. D’autant que les avantages de celle-ci ont été démontrés dans les formations HSE.

Les travaux en innovation pédagogique et ses artefacts ont montré les intérêts de la ludification plus facilement intégrable avec la VR, ou comment son usage – devenu parfois un prérequis en phase de conception – dans les parcours de formation, est d’une grande pertinence (on change de niveaux, on accède à une nouvelle mission, on entre dans un nouvel épisode) et participe ainsi au succès de l’apprenant et à sa montée en compétences.

Métavers et formation : de la description à la prescription

Nous vous proposons d’amorcer le virage suivant : passer d’une approche descriptive, à une proposition plus prescriptive, s’agissant du métavers de la formation.

Nous pensons l’accès au métavers de la formation comme un marathon plutôt que comme une course contre la montre.

L’envisagement sur le temps long est en effet un prérequis nécessaire, et partagé par de nombreux chercheurs, pour éviter les écueils potentiels liés aux innovations technologiques, mais aussi former des alliances – pas seulement des partenariats – et investir.

Le métavers de la formation ne sera pas uniquement l’affaire de nombre (+ de 1 400 personnes en visioconférence en même temps par exemple) ; le nombre ne fait pas de facto la qualité. L’humain ne doit pas être mis de côté ou oublié au profit de la technologie seule, de la masse.

L’envisagement de ce nouveau voyage parallèle doit s’envisager dans une problématique sociotechnique. Et ajouter à l’approche de présence virtuelle du socle du « MetaKwark » le phénomène de « présence à distance » en e-formation (Jézégou, 2019**) , peut s’avérer in fine complémentaire et efficient.

Quels sont les outils du « Learning Metaverse » ?

On peut d’ores et déjà inclure les outils du métavers général : réalité virtuelle (casques VR, capteurs sensoriels), réalité augmentée, blockchain, outils et technologies d’interconnexions, les NFT et autres monnaies numériques.

Mais les outils de formation stricto sensu ? Nous avons d’un côté une offre actuelle qui se veut pléthorique ; un nouvel univers dont le nombre de planètes n’est pas encore limité, et de l’autre, la formation qui est un champ disciplinaire défini certes, mais qui se réinvente depuis 30 ans, en multipliant les accès, sources, supports, en innovant technologiquement parlant, en surfant sur les NTIC.

Voici ce qui constituera la première base :

  • plateformes de formations (LMS)
  • outils auteurs (création de contenus – LCMS)
  • systèmes de gestion de la formation (TMS)
  • l’ensemble des modalités pédagogiques du « Digital Learning » : distancielles (e-learning, outils de classes/salons virtuels, podcasts audio et vidéos) et hybrides (ne pas oublier le présentiel, les MOOCs et ses cousins COOCs et SPOCs, le social learning), immersives (tels que les Serious Game), le tout au service des formés, des enseignants/intervenants/formateurs/experts métiers.

Si le nombre ne fait pas tout, la multiplicité des outils non plus. Aussi, pour éviter le légitime retour de bâton auquel nous nous exposons (« certes, c’est un catalogue, un listing du « Digital Learning », et après ? »), le corollaire des outils serait la composition, l’organisation de cet environnement équipé de tous ces outils. À quoi cet univers ressemblerait-il ? La meilleure entrée en la matière est de visionner la vidéo ci-dessous (extrait de la scène d’ouverture de Ready Player One, Spielberg, 2018) :

De quoi serait-il constitué ? De nombreuses planètes, c’est certain :

  • la planète « e-learning » bien sûr ;
  • mais aussi la planète « podcast learn » ;
  • la planète « learning library » où les enseignants, les doctorants, les formateurs viendraient s’inspirer ;
  • la planète « meta-school », où l’on pourrait imaginer une version avancée de l’outil GLOWBL, relié aux technologies de classes virtuelles MICROSOFT ;
  • etc.

Des planètes, des lieux spécifiques au thème, au champ disciplinaire sur lequel on veut monter en compétences, transmettre ou même créer de la connaissance.

Créer des alliances autour de cet univers commun serait également constitutif des fondations de ce métavers de la formation.

Cette phase d’idéation pourrait s’étendre et durer, et suivrait l’amélioration et la spécialisation des outils et environnements numériques de formation tant les technologies qui sont en coulisses changent et/ou évoluent, tant les liens avec d’autres métavers sont possibles, offrant un « learning metaverse » constamment évolutif.

Toutes les planètes de notre univers n’ayant pas été trouvées en même temps, il en sera sûrement de même s’agissant de l’émergence de celles qui vont composer le « Learning Metaverse ».

Conclure… en ouverture

Aujourd’hui, dans le monde la formation en entreprise, il n’existe que peu de références, de cas d’usages, de recul sur l’avènement du métavers, qu’elles soient professionnelles ou universitaires.

Large est donc le champ disponible pour améliorer l’existant, s’en inspirer et imaginer, envisager, créer, développer une version du métavers de la formation, dans un « temps long », en collaboration plutôt qu’en compétition, en l’abordant dans une problématique sociotechnique.

Enfin, l’envisagement d’un  « Learning Métavers » hybride dans son accès comme dans ses usages peut aussi commencer à se penser.

Le film ne fait que commencer ; son scénario sera abondé, réécrit, tourné, retourné, dans les mois et années à venir.

Si le sujet de l’innovation liée à la formation vous intéresse, les équipes de SQORUS sont là pour vous accompagner. N’hésitez pas à nous contacter pour en discuter.

* le sentiment de présence de soi, le sentiment de présence spatiale, le sentiment de coprésence virtuelle (les interactions virtuelles avec les autres).

** « la résultante d’une dynamique relationnelle médiatisée entre les apprenants, entre les apprenants et l’enseignant (ou le formateur) au sein d’un espace numérique de communication. »

.

Share This