Connaissez-vous le reverse mentoring ? Cette méthode de formation, basée sur l’échange de compétences entre des collaborateurs de différentes générations… Dans cet article, nous allons explorer les avantages du reverse mentoring et vous faire un tour d’horizon des pratiques actuelles. Prêt à inverser les rôles et à découvrir le monde à l’envers ?
« Le Monde à l’envers ». Combien de fois avons-nous déjà entendu cette interjection sans forcément y associer de sens ou de réponse derrière ce constat fataliste ? S’il peut animer les repas dominicaux dans le cercle privé sur différentes thématiques, ce constat du “monde à l’envers” s’ancre de plus en plus autour de la “révolution digitale”, identifiée comme un choc des valeurs entre l’ancien et le nouveau monde.
Force est de constater que l’émergence de la digitalisation croissante de nos outils et modes de fonctionnement a un impact direct sur le monde professionnel. Une étude réalisée par l’Institut pour le futur et Dell technologies montre ainsi que 85 % des emplois de 2030 n’ont toujours pas été inventés. Quant aux compétences, elles s’avèrent être de plus en plus rapidement obsolètes, car plus en adéquation avec les nouveaux standards métiers.
Autrement dit, l’émergence de nouveaux métiers entraîne l’évolution rapide de nouvelles compétences. À charge donc pour les entreprises d’assurer une montée en compétences ou la requalification de leur personnel dans les années à venir.
Alors, plutôt que de se demander « Pourquoi le numérique dévore le monde ? » comme le titrait le Wall Street Journal en 2011, si nous nous intéressions plutôt à savoir « comment accompagner ces évolutions ? ». La seule formation traditionnelle ne suffira pas à accompagner ce mouvement et il nous faut inventer d’autres modes d’apprentissages. À ce titre, le reverse mentoring, expression la plus aboutie du social learning, apparaît comme l’une des réponses possibles.
Qu’est-ce que le reverse mentoring ?
C’est en 1999 que le concept du « reverse mentoring » (en français « mentorat inversé ») a vu le jour au sein du conglomérat américain General Electric. Son président, Jack Welch, oblige alors ses 500 tops managers à choisir des « mentors » mais avec une consigne : ces mentors doivent être choisis parmi les salariés les plus jeunes de l’entreprise. L’objectif : aider les managers à développer leurs compétences technologiques, en s’inspirant des nouvelles générations.
Contrairement au mentorat traditionnel donc, le reverse mentoring consiste à inverser le système en plaçant le dirigeant expérimenté en position d’apprenti, et le junior récemment arrivé en situation de coach. Le postulat de départ est simple : chaque partie a un manque dans leur socle de connaissances (au sens large) qui peut être comblé par les forces de l’autre.
Le reverse mentoring est ainsi un système d’apprentissage réciproque et il donne naissance à une relation gagnant-gagnant :
- Il fait gagner un temps précieux aux managers et aux dirigeants plus expérimentés en leur faisant découvrir de façon concrète, rapide, et centrée sur leurs besoins, les nouveaux outils et nouvelles tendances digitales. Ils disposent aussi d’un regard neuf sur l’entreprise et d’une vision des technologies du futur susceptibles d’enrichir leurs prises de décision.
- Du côté junior, devenir mentor et avoir accès à des échanges privilégiés avec des managers plus haut dans la hiérarchie représente, au-delà de la constitution d’un premier réseau professionnel, une marque de confiance et une source importante de motivation et d’engagement.
Le mentorat inversé consiste donc à favoriser l’échange mutuel de connaissances, de compétences, de contacts et de vision du monde entre jeunes salariés et managers expérimentés. Ainsi, il apporte une nouvelle dimension en distinguant la qualification de la compétence.
En effet, si le reverse mentoring repose sur une forme classique de la transmission intergénérationnelle des savoirs (le mentorat), il le détourne puisque ici le mentor est le moins expérimenté au sein de l’entreprise. Quant au mentoré, c’est un senior. C’est en ce sens que le reverse mentoring constitue un changement de paradigme, car, désormais, on reconnaît l’expertise sur le domaine du digital non plus sur un diplôme, mais sur une compétence.
Mais au-delà de cette relation gagnant-gagnant entre mentors et mentorés, c’est véritablement l’entreprise qui ressort victorieuse du déploiement du reverse mentoring sur plusieurs points.
Pour anticiper les défis du recrutement de demain, il est essentiel de développer des stratégies d’adaptation solides. Retrouvez dans notre article dédié, les clés pour s’adapter en tant que recruteur et rester efficace dans un environnement en constante évolution.
Quels sont les avantages du reverse mentoring ?
Dans un monde en perpétuelle évolution, les entreprises doivent constamment s’adapter aux nouvelles technologies et aux nouveaux standards métiers pour rester compétitives. En encourageant l’échange de connaissances et de compétences entre les générations, le reverse mentoring permet aux entreprises de développer des avantages compétitifs uniques.
En effet, le reverse mentoring :
- Accompagne la transformation de l’entreprise par une acculturation des collaborateurs au digital
- Participe de la transmission intergénérationnelle de compétences
- Favorise la coopération interdisciplinaire dans l’entreprise
- Peut être un outil de découverte de futurs talents chez les mentors
- Participe à renforcer sa marque employeur
- Repose sur les forces internes de l’entreprise
- Décloisonne les « silos » en instaurant des binômes qui ne se serait pas nécessairement croisées dans leurs activités.
Le mentorat inversé est un enjeu clé de la transformation des entreprises, car il permet d’impliquer l’ensemble des collaborateurs dans la démarche de changement et de renforcer l’agilité et la compétitivité de l’organisation.
Le reverse mentoring et la formation professionnelle
Le reverse mentoring s’inscrit dans une tendance plus large de la formation professionnelle : le social learning. Ce mode d’apprentissage collaboratif favorise l’échange de connaissances et la mise en commun des compétences pour permettre à chacun d’apprendre de l’expérience des autres.
« Le reverse mentoring, révélateur des évolutions actuelles de l’entreprise et de la formation professionnelle ».
Le reverse mentoring est un exemple concret de social learning, car il permet à un employé plus expérimenté d’apprendre de nouvelles compétences auprès d’un employé plus jeune et plus à l’aise avec les nouvelles technologies. Cette approche de formation est particulièrement adaptée aux évolutions rapides du monde du travail, où les compétences nécessaires peuvent changer rapidement.
Avec la dernière crise sanitaire, les collaborateurs cherchent de plus en plus à monter en compétences pour se renouveler et s’adapter. Les entreprises doivent donc innover dans le domaine de la formation pour répondre à ces recherches et continuer à attirer et à fidéliser les talents. Dans notre article dédié, retrouvez des pistes d’innovation pour accompagner efficacement vos collaborateurs dans leur développement professionnel.
En adoptant une approche de social learning, l’entreprise peut favoriser la montée en compétences de l’ensemble de ses employés et améliorer sa capacité à s’adapter aux changements. Le mentorat inversé est donc bien plus qu’une simple méthode de formation : c’est un catalyseur de changement dans l’entreprise, qui permet de transformer les défis liés aux évolutions professionnelles en opportunités de développement.
Tour d’horizon des pratiques actuelles du reverse mentoring en France
Flexibles, peu coûteux et efficaces, les programmes de reverse mentoring ne cessent de se développer dans les entreprises. Récemment, ce sont Danone, Orange, Accenture, IBM, Axa ou encore la SNCF qui ont mis en place leurs programmes. Aussi diversifiées que soient leurs secteurs, ces entreprises affichent toutes la même ambition :
- Soutenir la transformation digitale de l’entreprise en attirant l’attention des dirigeants sur le sujet et en les aidant à mieux comprendre le phénomène
- Étendre la transformation digitale à toute l’entreprise en impliquant le collectif
- Décloisonner les générations pour tourner le décalage intergénérationnel en sa faveur
Pour autant, si les ambitions sont communes, chaque entreprise a adopté sa propre stratégie pour déployer un programme qui fait sens. Comme me le confiait un responsable de l’innovation de ces entreprises :
« Le reverse mentoring ne doit jamais être considéré comme une directive d’entreprise mais comme un programme que chacun doit s’approprier. À chacun son expérience de reverse mentoring ».
Chacun peut ainsi percevoir que le déploiement du reverse mentoring aura une résonance différente, que l’on soit dans un grand groupe informatique, un prestataire de service ou un leader de l’agro-alimentaire. L’environnement, les valeurs et la culture de l’entreprise conditionnent la méthodologie de déploiement du mentorat inversé.
À titre d’exemple, la question de la sélection des mentors varie d’une entreprise à l’autre. Alors que dans une ESN, il est tout à fait possible d’imaginer une application de matching entre un mentor et un mentoré développé en interne, d’autres entreprises plus industrielles vont avoir besoin de cadrer le programme en recourant à des grilles d’évaluation de compétences des mentors pour en assurer un meilleur casting.
Conclusion sur le reverse mentoring en entreprise
En permettant aux collaborateurs de se former mutuellement et de développer de nouvelles compétences, le mentorat inversé favorise l’adaptabilité et la résilience de l’entreprise face aux évolutions rapides du marché. En outre, le reverse mentoring peut être intégré à un projet de transformation plus large, en tant qu’élément clé d’une stratégie de développement des compétences et de la culture d’entreprise.
Cependant, le reverse mentoring est avant tout une affaire de contexte. En effet, le fait de casser les modes de pensée hiérarchique, de changer de paradigme selon lequel l’expérience conditionne la compétence, mais aussi de l’avènement d’une ère du « travailler ensemble » et de la collaboration professionnelle en réseaux, pose des fondements propices à son exploitation. Pour autant, il s’inscrit nécessairement dans une culture et un contexte d’entreprise, ce qui fait qu’aucun programme de reverse mentoring ne ressemble à un autre. Bien au contraire, chaque entreprise, a son reverse mentoring qu’elle doit s’approprier au moment opportun.
Pour tirer pleinement parti du potentiel du reverse mentoring, il est important de bien cadrer cette pratique et de la soutenir par une communication et un accompagnement adéquats. SQORUS, cabinet de conseil spécialisé en transformation digitale, a pour habitude d’accompagner les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs, grâce à son LAB qui effectue une veille permanente sur les innovations. N’hésitez pas à nous contacter pour en discuter.
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